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Le PPR inondation de la vallée d’Oise : le temps des audits

Par arrêté du 28 décembre 2011, le préfet de l’Oise a lancé la révision du PPRi de la confluence Oise Aisne (de Ribécourt-Dreslincourt à Choisy-au-Bac et de Bitry à Compiègne). Mais à l’automne 2017, une contestation locale a compliqué la démarche, pour plusieurs raisons.

Tout d’abord l’aléa (l’étendue de la zone inondable) est beaucoup plus important qu’auparavant et la prise de conscience du risque est douloureuse. Il est en effet difficile d’expliquer qu’un événement réputé centennal (une "chance" sur cent chaque année) augmente subitement de 50 cm à 70 cm.

Ensuite, le règlement associé fait peser des obligations sur les enjeux présents dans cette zone qui apparaissent contraignantes.

S’agissant de l’aléa, les discussions s’avèrent fournies car les modèles ne conduisent pas aux mêmes résultats, avec parfois des écarts sensibles et lourds de conséquences. Les hypothèses retenues (une route joue-t-elle un rôle de protection à coup sûr ? Si elle cède, où se produit ce phénomène ?) ont par essence une probabilité qui peut conduire à un aléa plus rare qu’une chance sur cent. Par ailleurs, la prise en compte des ouvrages (ponts, barrages) dans le lit de la rivière se fait classiquement par des lois académiques dont les paramètres ont des effets assez sensibles. Enfin, les apports intermédiaires (petits affluents, ruissellement) ont un rôle sur les débits de l’Oise dont les effets cumulés sur de grands linéaires peuvent avoir des conséquences non négligeables.

S’agissant du règlement, il convient tout d’abord de saluer l’ouverture des services de l’Etat dans le prolongement de l’Atelier national "territoires en mutation exposés au risque" qui ont proposé d’intégrer plusieurs sites expérimentaux où la résilience des enjeux conditionnerait certaines évolutions plutôt que d’imposer le gel du territoire comme le veut la doctrine.

Toutefois, les dispositions plus classiques suivent les recommandations nationales qui ne sont hélas pas encore totalement abouties. Notamment, le caractère obligatoire des diagnostics pour les enjeux existants nous semble inadapté : si l’on peut convenir qu’il est préférable de moduler les travaux à chaque situation particulière plutôt que d’imposer des travaux types, parfois insuffisants, parfois inutiles, le diagnostic n’a pas encore acquis ses lettres de noblesse. Ce n’est pas une profession réglementée et il n’existe aucun agrément en la matière. Seule l’expérience de quelques-uns permet d’espérer un diagnostic pertinent.

Face à la contestation locale particulièrement déterminée, le préfet de l’Oise s’en est remis à un audit du Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD) actuellement en cours. C’est dans ce contexte que les services de l’Entente, au titre de leur expertise technique, ont été audités. Ceux-ci ont évoqué les divergences de résultats entre les modèles (et notamment celui qu’ils utilisent conjointement avec le Service de prévision des crues Oise Aisne). Quant aux diagnostics obligatoires, une piste d’articulation avec la démarche de Plan d’action de prévention des inondations (PAPI) du Territoire à risque important du compiégnois a été proposée. Des diagnostics, par des prestataires expérimentés, seront réalisés sur la base du volontariat avec des plans de financement incitatifs.

Les conclusions de l’audit sont attendues au printemps.    

ressources liées

Atelier national, feuille de route, 2015
Atelier national, feuille de route, 2015