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L'agriculteur : problème ou solution ?

Fascine vive (à gauche) plantée en février 2018, ayant déjà repris racine. Comumne de Guiscard.
Fascine vive (à gauche) plantée en février 2018, ayant déjà repris racine. Comumne de Guiscard.

France 3 Picardie consacrait un reportage sur les solutions possibles suites aux coulées de boue récentes sur la région, hier soir dans son édition du 19/20 (visible pendant 1 mois; le reportage commence à 9 minutes du début). A cette occasion, l’Entente montrait sur place quelques-unes de ses récentes réalisations en haies et fascines, accompagnée d’un agriculteur volontaire et d’un maire bénéficiaire de tels travaux.

En marge de ces interviews, le débat est venu sur l’indemnisation agricole pour l’installation d’une haie. L’Entente a mis au point, par échange avec les chambres d’agricultures volontaires, un dispositif qui consiste à indemniser l’agriculteur qui accepte une haie ou une fascine sur le terrain qu’il exploite. En contrepartie, il s’engage à conserver ladite plantation pendant 20 ans. Certains agriculteurs nous opposent que leur acceptation n’est pas liée à ce montant qui reste modeste, mais bien parce qu’ils s’inscrivent dans une démarche de solidarité.

A l’installation de la haie, l’Entente indemnise une destruction de récolte comme pour tout chantier. Pour les dix-neuf années suivantes, il est fait application du barème d’occupation temporaire correspondant à une location des terrains. A titre d’exemple, pour une haie dont l’emprise totale est de 5 mètres de large (billon, fossé, bande enherbée), l’indemnisation annuelle au mètre linéaire de haie est de 1,28 €. Pour une haie de 100 mètres (soit une emprise de 100 m de long par 5 m de large), l’indemnité annuelle est de 128 €.

Bien évidemment, ce montant n’est pas incitatif à l’échelle d’une exploitation agricole et n’a pas vocation à l’être. Il est l’expression d’un contrat entre le maître d’ouvrage, représentant les intérêts des sinistrés, et l’agriculteur chez qui des solutions peuvent être trouvées. Il s’agit donc de l’aboutissement d’une démarche qui consiste à replacer l’agriculteur, non pas comme la cause du problème, mais comme le porteur de la solution.

En effet, les agriculteurs sont très souvent désignés comme responsables des coulées de boue, tandis que tout commence par une pluie intense. Aucun agriculteur n’a d’intérêt à retrouver une partie de sa récolte et de sa terre végétale dans le village en aval. Si certaines erreurs peuvent localement être discutées, la recherche de solutions ne peut aboutir que si l’agriculteur est associé à la réflexion et apparaît comme celui qui va accepter l’outil.

C’est donc bien la place de l’agriculteur dans le jeu d’acteurs qui crée l’acceptabilité, et non le montant figurant au contrat.