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Accueil d'un stagiaire sur les problématiques de ruissellement

Geoffrey Lemaitre, en licence professionnelle Forêts, gestion et préservation de la ressource en eau (faculté de Tours) a été recruté pour un stage d’une durée de quatre mois afin d’établir un programme d’actions concernant la commune d’Aizelles, dans l’Aisne.

 

Entente Oise Aisne : Quelles sont les problématiques sur la commune d’Aizelles ?

Geoffrey Lemaitre : Aizelles est une petite commune de l’Aisne qui subit régulièrement des phénomènes d’inondations. Elle a déjà fait l’objet de sept arrêtés portant reconnaissance de catastrophe naturelle. Le dernier arrêté date de 2009, mais depuis elle a subi d’autres aléas, notamment une inondation le 11 juin 2018 à la suite d’un important orage. Aizelles se situe à l’exutoire d’un bassin versant d’environ 450 hectares et connait une topographie avec des pentes importantes. De ce fait, toute l’eau qui tombe sur ce bassin versant converge vers Aizelles.

De plus, le ru de Fayau qui traverse la commune déborde régulièrement et connait un débit insuffisant. Le lit mineur du ru doit être redessiné pour permettre de recevoir un volume d’eau plus important et d’en faciliter les écoulements.  Enfin, il a été remarqué la présence de sources sur le bassin versant et d’une nappe affleurante : les remontées de nappe peuvent également jouer un rôle dans ces inondations.

 

EOA : Quel est votre rôle au sein de l’Entente Oise-Aisne face à cela ?

GL : L’Entente a porté une étude en 2014. L’objectif initial était d’installer un barrage à l’amont de la commune. Le projet n’a pas pu aboutir en raison d’un sol tourbeux. Pour cette raison, nous nous sommes orientés vers des solutions d’hydraulique douce. En 2015, des haies sur billon avec des bandes enherbées ont été réalisées. Toutefois, l’épisode de 2018 a montré que cet aménagement est insuffisant à ce jour et qu’il faut mettre en œuvre un plan d’action global.

 

EOA : En quoi consiste ce plan d’action ?

GL : Concernant la partie amont d’Aizelles sur laquelle je travaille, il s’agit de créer des ouvrages d’hydraulique douce complémentaires et des zones tampons. Nous avons commencé à recenser les sites permettant d’accueillir ces aménagements.

À ce stade, environ quinze aménagements sont à l’étude, dont quatre à cinq zones tampons qui permettraient de stocker l’eau et de ralentir les écoulements. Toutefois, tous ne verront pas le jour : cela dépendra du niveau d’ambition et de l’acceptabilité du projet dans la commune. Des haies et fascines, visant également à freiner les écoulements sont envisagés. Le rehaussement de chemin pourrait permettre de créer des zones tampons et des saignées pourront également être réalisées sur des chemins, favorisant la dispersion et l’infiltration de l’eau lors d’évènements pluvieux importants. Enfin, des préconisations pourront être faites sur le sens des sillons agricoles, qui pourront être cultivés perpendiculairement et non plus dans le sens de la pente.

 

EOA : Concrètement, quel est l’état d’avancement du projet ?

GL : Nous avons identifié les lieux et les types d’aménagements préconisés. Pour cela, nous avons effectué une modélisation du bassin versant sur un logiciel dédié (HEC-SMS). Plusieurs scénarios ont pu ainsi être établis avec la simulation de pluies de retour 10 ans, permettant de comparer la situation actuelle sans ouvrage, puis le gain avec les ouvrages en termes de ralentissement du débit et des écoulements.

Nous allons prochainement rencontrer les élus des communes d’Aizelles et Aubigny-en-Laonnois, toutes deux concernées par les futurs travaux. Ensuite, si le projet est bien accueilli, nous le présenterons aux propriétaires et exploitants agricoles. Des indemnisations d’occupation du terrain seront proposées aux agriculteurs et des indemnisations de surinondation pour les zones tampons, essentiellement cultivées. La commune, de son côté, engage les travaux de restauration hydromorphologique du ru de Fayau pour redimensionner le cours d’eau et faciliter le transit dans la commune.